12/02/2011

Phédre @ theatre Aydar :

1er représentation en 1677 - dernière tragédie de Racine

Adaptation et mise en scène de Gilbert Ponté
Theatre Aydar

Phèdre, épouse de Thésée, croit ce dernier mort ; libérée par cette nouvelle, elle se laisse aller à avouer à Hippolyte, son beau-fils, la passion coupable qu’elle éprouve pour lui. Cet aveu s'avère bientôt être une erreur fatale : non seulement Hippolyte la rejette, mais Thésée est en fait bientôt de retour …

Suite a la volonté d'une amie d'aller voir une adaptation contemporaine d'une de ses pièces favorites, me voilà assise un mercredi soir dans les sièges moelleux du Théâtre Aydar pour une adaptation de la celebrissime Phedre, tragédie en vers d'inspiration Grec, donc au style assez lourd, pas forcement mes préférés, mais aux sonorités souvent magiques.

Et je dois dire que les premières minutes sont assez .. surprenantes ! Un jeune homme arrive sur la scène, pied nus, se met dans un coin et commence a jouer .. de la guitare électrique. Hum. Dubitative pendants les premières minutes je dois avouer que ces intermèdes de guitare électrique tout au long de la pièce sont se qui m'a le plus convaincue, cela donne un véritable rythme a la pièce et une dimension plus moderne, pari reussi de ce coté la donc. 



Niveau mise en scène, l'ensemble cohérent et assez convaincant, le décors est minimaliste, un poteau et basta; mais permet de nous concentrer sur l'essentiel, se que les comédiens ont a dire et avec les vers de Racine il faut avouer que c'est parfois nécessaire! Les comédiens évoluent bien sur la scène, mais un peu trop par terre a mon goût. L'idée de la narratrice / Dieu et plein de personnage sur son estrade et pas mal aussi même si l'effet « robotique » de voix utilisé parfois est assez superflu. 

Les costumes, comme dans tout le théâtre contemporain, sont des pantalons et hauts noir pour la plupart des personnages, se qui nous permet de faire abstraction de l'époque dans laquelle la pièce est censée se dérouler. Cependant les quelques fois ou ils ont voulus faire un peu plus ont été un peu ratée, le manteau en moumoute du Roi assez ridicule , idem pour la cape de Phedre un espèce de peignoir rose quand a l'épée de Hippolyte .. un bout de tuyau tordu pour faire une garde, qui à bien failli me faire exploser de rire. De manière générale je dois dire que je préfère dans ce genre de pièce les vrais costumes, puisque la volonté même de l'auteur a été de l'inscrire dans l'époque Grec, et surtout parce que entendre quelqu'un avec un sweat a capuche nous dire :
«Et dans cette Trézène, aujourd'hui mon partage,
De mon aïeul Pitthée autrefois l'héritage,
Qui m'a sans balancer reconnu pour son roi,
Je vous laisse aussi libre, et plus libre que moi. » 
ça fait un peu bizarre.

La pièce est une adaptation, le personnage d'Aricie n'est qu'évoquée mais n'apparait jamais. L'amoureuse de ce texte m'a pourtant confirmée que les découpages ne portaient pas préjudice a la pièce et je dois avouée que en tant que profane j'ai trouvée le rythme très bon. Donc de ce point de vue là c'était très bien. 



Le gros point négatif cependant est une partie du casting. Déjà sans parler du jeu Thésée est noir tandis que son fils Hippolyte est un blanc roux. Je suis pour le mélange et des acteurs de tous horizons mais il faut quand même un minimum de cohérence dans les filiations. D'ailleurs c'est de ces deux la que vienne les problèmes. Je ne suis pas une spécialiste du théâtre, et ne suis jamais montée sur scène mais malgré tout leur jeu ne m'a pas convaincue. Thésée en fait trop, il surjoue toutes les émotions, il n'y a pas de crescendo dans son horreur, du début a la fin la même colère la ou les événements pourtant deviennent de plus en plus dures, on passe a des accusations de harcèlement de sa femme par son fils a la mort de celui ci s'avérant innocent. Il cri et n'articule pas or c'est une pièce aux mots complexe je n'ai pas toujours suivie se qu'il disait. On a d'ailleurs eu le droit à deux cafouillages. Je n'ai pas été la seule assez dubitative d'ailleurs puisque quelques  ricanements a plusieurs moments d'éclats assez ridicule se sont fait entendre.
Quant a Hippolyte et bien c'est le contraire pendant toute la pièce la même expression, comme si il se demandait un peu se qu'il fait la, un peu surpris. Dommage. Heureusement l'interprétation de Phedre est quand à elle magnifique, pleine de finesse et d'émotion, surtout du point de vue de son expression corporelles.

En somme une bonne soirée entre amies, une belle adaptation de Phedre avec quelques bonnes idées, et la surprise de la guitare electrique. Mais plombé par un casting pas toujours à la hauteur. 



Cette soirée m'a cependant fait redécouvrir quelques très beaux passages de la pièce, et ne fait que confirmer que le meilleurs moyens de connaître une pièce de théâtre est de la voir et l'écouter.

« Tout m’afflige et me nuit et conspire à me nuire. » - Phèdre (I, 3)

« Quand tu sauras mon crime et le sort qui m’accable,
Je n’en mourrai pas moins, j’en mourrai plus coupable. » - Phèdre (I, 3)

« C'est peu de t'avoir fui, cruel, je t'ai chassé .
J'ai voulu te paraître odieuse, inhumaine,
Pour mieux te résister, j'ai recherché ta haine.
De quoi m'ont profité mes inutiles soins ?
Tu me haïssais plus, je ne t'aimais pas moins. » - Phèdre (II, 5)

« Si je la haïssais, je ne la fuirais pas. » - Hippolyte ( I, 1 )

Et plus encore !


MP3 : Une petite chanson sur un amour qui tue avec de la guitare électrique ( ET la version acoustique tant qu'on y est ) semble plutôt approprié pour finir ce billet alors à bientôt ! Make me wanna Die - The pretty Reckless

                                       

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