23/03/2022

Le problème à trois corps - Liu Cixin ( #1 Chine 2008)

 Vers l’infini et au-delà   

L’idée de tenter des livres de pays autres qu’américains et français me trotte dans la tête depuis un moment. C’est d’ailleurs ainsi que j’avais découvert la littérature Japonaise sans me douter que l’arrêt allait être un peu plus long qu’anticipé.

C’est quelques jours avant le confinement de mars 2021 que j’avais acheté ce livre, afin de tenter la littérature de fiction chinoise, pensant avoir le temps de lire pendant ces semaines de vide. C’était sans compter la panne de lecture monumentale que ce climat allait déclencher.

C’est près d’un an plus tard, pour mon défi 2022 « Around the world », que j’allais enfin avoir l’occasion de me plonger dans cet univers. 


Et quelle surprise ! La Science-Fiction n’a jamais été un genre sur lequel je me suis beaucoup penchée. C’est étonnant parce que chacune de mes incursions s’est toujours bien a toujours été agréable, et que l’espace a toujours été un sujet qui me fascine.

C’est à l’aveugle que je me suis plongée dans cette brique de 512 pages avec pour seule boussole la quatrième de couverture de l’éditeur « En pleine Révolution culturelle, le pouvoir chinois construit la base militaire secrète de Côte Rouge, destinée à développer une arme de grand calibre. Ye Wenjie, une jeune astrophysicienne en cours de “rééducation”, intègre l’équipe de recherche. Dans ce lieu isolé où elle croit devoir passer le restant de sa vie, elle est amenée à travailler sur un système de télétransmissions dirigé vers l’espace et découvre peu à peu la véritable mission de Côte Rouge… » 

Je me suis totalement laissé porter par l’auteur et ses rebondissements, enchainant les révélations et surprises, rendant la lecture passionnante. Découvrir cette histoire à l’aveugle est je pense le meilleur moyen d’en savourer la progression.

Le côté science-fiction se développe tout doucement, sans qu’on le voit venir, et c’est avec maestria que l’on passe de la révolution culturelle chinoise, écrite sans concession, à nos jours.

Le côté science n’est pas toujours facile à suivre, on sent que l’auteur à des compétences dans le domaine (chapeau d’ailleurs aux traducteurs), il m’a parfois fallu relire certains passages mais l’ensemble est intéressant et bien dosé.

Le point de vue chinois sur la science et son impact sur le monde est fascinant, d’autant qu’il se mêle à des éléments historiques véridiques.

Le reproche que je pourrais faire est une certaine froideur dans le style et dans les personnages

Je pense que la froideur dans l’écriture est surement liée à la traduction, ou à un style d’écriture asiatique qui n’est pas familier pour les européens, car il s’agit souvent d’un reproche que je peux faire à la littérature Japonaise ou Coréenne (traduite).

Quant aux personnages, si on comprend leurs motivations, et leurs histoires personnelles, ils demeurent malgré tout en surface. On sens qu’ils ne sont qu’un medium par lequel l’auteur entend développer son histoire. 

Je suis passée à deux doigts du coup de coeur. 

J’ai en tout cas hâte de lire la suite, et de voir jusqu’où l’auteur va nous emmener.

17/03/2022

Around the World - défi littéraire 2022

Après mon petit bilan littéraire 2021 j'ai fait une constatation  assez dérangeante : mes lectures se composent essentiellement du trio France / USA / Japon. Alors que je lis pour m'évader, élargir mes horizons, je me suis rendue compte que ces horizons sont composés principalement que de trois pays. 

Alors cette année, je pose un petit défi à moi même : ne pas enchainer deux livres du même pays. 

Pour motivation, j'ai trouvé sur ce site  une carte du monde à compléter au fur et à mesure de mes visites littéraires. La joie enfantine de cliquer une case et de voir ce compléter ma carte devrait être une bonne motivation ;) 

Alors attachons bien nos ceintures, c'est parti pour le décollage littéraire. 


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26/01/2022

Soie Alessandro Baricco (Italie 1196)

 

Voyage au bout du bof 

C’est ainsi que l’ont peu sous titrer ma deuxième lecture de l’année.

Mais cette fois je l’ai surement un peu cherché puisque j’ai suivi la recommandation de « la Libraire de la Place aux Herbes », ma 1er lecture de l’année que j’avais trouvé consternante.

Alors pourquoi me direz-vous ? Parce que Soie, il était décrit comme ça « c'est aussi un livre de voyage, pas seulement vers le Japon mais aussi dans la trame sensuelle des émotions. L'un des plus beaux récits amoureux que je connaisse . »

Et franchement, avouez que pour amoureuse des récits sur le Japon et amoureux, avoir les deux combinés et la mention « plus beaux récits amoureux que je connaisse » c’est dure de résister.

Alors première surprise, Soie est un roman qui a pour protagoniste un Français, se déroule en partie en France et au Japon, et qui est écrit par un Italien. On est assez loin du Own Voice, mais soit.

Deuxième surprise, alors que je m’attendais à un assez gros pavé, c’est un tout petit roman de moins de 150 pages que j’ai trouvé. J’ai donc entamée ma lecture assez dubitative sur la capacité d’un écrivain à développer « L'un des plus beaux récits amoureux » aussi rapidement.

Et cela n’a malheureusement pas manqué. 

On démarre pourtant bien.  

Le décors est intéressant : les usines de soie en Ardèche dans les années 1860, et plus particulièrement le commerce des vers à soie.

Le thème n’est pas banal, et les informations, succinctes mais suffisantes pour se laisser entrainer. Nous suivons Hervé Joncour dans ses voyages pour acheter les vers à Soie nécessaires aux filatures de soie, jusqu’à ce que la pébrine, maladie des vers à soie, ne le pousse aux confins du Monde à une époque où le Japon était encore petite ile isolée interdisant le commerce de ses vers et l’entrée des étrangers.

Les premiers personnages rencontrés sont intriguant et les premiers chapitres, avec une écriture miroir agréable à lire. On part assez rapidement pour le Japon, et là cela se gâte.

Mais reprenons notre avis de la Place aux Herbes :

Alors pour le « voyage au Japon »  : 

oui, mais il ne faut pas franchement s’attendre à une description du Japon. La prostituée Japonaise exilée en France est plus décrite que le Japon. Il s’agit plus ici de la trame de fond de l’histoire. On l’entrevoit dans un moment charnière de son histoire. Cela reste cependant intéressant, même si les personnages japonais demeurent assez caricaturaux.

«La trame sensuelle des émotions », : 

Je la cherche encore. On est au contraire dans un style assez froid, avec des personnages qui reste peux développés, tant au niveau de l'histoire personnelle, que des émotions. 



« L'un des plus beaux récits amoureux que je connaisse »  : 

Au final il ne doit pas en connaitre beaucoup. 

Parce qu’on tombe sur un insta love assez banal : Monsieur voit pour la première fois une Japonaise. Tombe amoureux de ladite Japonaise sans lui avoir parlé. Madame voit pour la première fois un Européen. Tombe amoureuse de dudit Européen sans lui avoir parlé. S’en suit une obsession des deux « amoureux » sans que l’on sache vraiment pourquoi à se revoir, sous peine de décès. 

Une développement aussi rapide d'une histoire d'amour convaincante est possible, mais n'est pas Shakespeare qui veux, et ici il faut bien admettre que c'était plutôt loupé. Il manque précisément les émotions, la tension.  

Pourtant, ce tout petit récit qui ne prend même pas deux heures à lire vaut tout de même le coup d’œil. 

Il ne faut pas s’attendre à une récit grandiose, mais une petite fable sur la vie avec un retournement final bien orchestré, bien que la lettre pseudo érotique soit assez malaisante. J’ai aimé pour le décors, le procédé narratif en miroir, bien que l'ensemble reste est assez moyen. 

21/01/2022

La libraire de la place aux herbes Éric de Kermel ( France 2017)

 

Je pense avoir entamé 2022 par ma pire lecture de l’année. Ça faisait longtemps qu’un livre ne m’avait autant consternée.

Ce livre, c’est un peu comme si « Comme un roman » avait été écrit par une cinquantenaire un peu bobo qui vous partage sa vision de la vie et de l’écologie.

Mélange de phrases Facebook de vieille et de citations d’auteurs utilisées à tout va, on a le droit à une ode foireuse à la lecture censée vous soigner de tous les maux y compris la dépression grâce à une succession de personnages creux qui passent à la librairie d’Uzes, village pittoresque où l’on retrouve la VRAI vie, tellement mieux que Paris,  catholique et campagnarde de préférence.

L’ado de 16 ans, le facteur de 20 ans, la bonne sœur, le pèlerin, la maghrébine illettrée qui fait le marché, le légionnaire serbe, le voyageur blindé et le vieux cancéreux nous parlerons d’une même voix, plate et bourrée de clichés, pour dire qu’il faut vivre notre vie à fond mais sans psy, sans écran (sauf de cinéma), juste avec les LIVRES ( Mais apparemment pas de fantastique, fantasy, science fiction et encore moins de « roman à l’eau de rose », aucun de ces titres ne semblant se trouver sur les étagères de la libraire. On lit des trucs SÉRIEUX nous ici Madame).

Cette galerie de personnages fascinant est portée par une ex professeur super ouverte puisque ayant grandie au Maroc ( Ce qui doit nous être rappelé toutes les 10 pages) mais n’a apparemment pas appris que « beurette » c’était plus possible. Mais je suppose qu’on peux plus rien dire (seule phrase qui manque pour le bingo de la vieille boomeuse).


Outre le style de l'auteur franchement lourdingue, l'autre problème est que l'on ressent tellement à la lecture qu’il ne s’agit pas d’une plume de femme. Le livre de pseudo développement personnel est bourré de platitudes et clichés sur la psychologie féminine et masculine. On y compare encore en 2022 la psychologie masculine à celle, supposée, des chasseurs cueilleurs pour justifier un intérêt moindre sur le futur de sa progéniture. Arf. Et on ne va même pas parler de cette scène pseudo érotique juste malaisante.  


Alors j’adore la lecture. Je pense aussi que les vies de papier peuvent nous aider à guider la nôtre, nous faire surmonter des obstacles, nous ouvrir au monde...  Mais si votre médecin vous prescrit des anti dépresseurs prenez les. Chaque livre ne doit forcément être une révélation. Lisez pour le plaisir la détente le rire l’amour. Sur papier, écran, liseuse. Qu'importe le support, tant que plaisir de lire est là. 

A conseiller à toutes les femmes blanches de 50 ans qui comprennent pas pourquoi leur fille veulent qu’elle les lâche. (L'envoi de la lettre sur la sexualité avec le livre d’Ernaux l’enfer si j'avais reçu ça de ma mère... ). Ça les confortera dans leur idée qu’elles ne sont pas le problème. C’est juste les jeunes qui ne comprennent plus rien devant leurs écrans.  

27/02/2021

Le Corps et L'esprit #1 : Tarte Saint Honoré de Conticini et hobbys

Avec les confinements, couvre-feu et fermetures des lieux culturels, je dois admettre que nous les lecteurs avons été plutôt privilégiés puisque notre hobby peut se pratiquer partout, à toute heure et sans limite, autre que celle de notre propre temps et volonté.

Mais voilà, toute cette période m'a permis aussi de me découvrir un autre hobby que je ne soupçonnais pas : acheter des livres. 

Pourtant la taille de ma PAL, ayant assez de livres pour tenir 3 ans de confinement, les multiples éditions du même bouquins qui trônent dans mes bibliothèques (pitié dîtes moi que je ne suis pas la seule), les dizaines de livres achetés parce que la couverture est jolie, parce que j'attendais quelqu'un, parce que je m'ennuie, auraient dus m'avertir ...

Durant cette période, j'ai eu un vrai manque, le manque de la librairie. 

Quelle libération ce fut de pouvoir de nouveau flâner dans les librairies ! Acheter des petites (grandes) piles de livres, déambuler dans les rayons, découvrir de jolies couvertures et de nouveaux auteurs. 

J'ai réalisé qu'acheter des livres en réalité était un hobby à part entière, indépendant de la lecture. 

Ce sont deux hobbys différents et complémentaires. L'un nourri l'esprit, et l'autre assèche mon porte-monnaie et fait trembler mes bibliothèques.

Une fois arrivée à cette réalisation, j'achète désormais sans culpabilité mes nouveaux ouvrages (c'est pas vrai mais on va dire que oui ;)

Et alors joie ultime, quand je peux combiner mon plaisir d'acheter les livres, les lire, avec mon autre plaisir / hobby : manger des gâteaux

Ayant la chance d'habiter la Capitale, des dizaines de grand pâtissiers m'entourent et je me suis donnée pour mission de TOUT gouter.

Alors voici la première édition du Corps et de l'Esprit avec pour invitée, la Tarte Saint Honoré de Philippe Conticini :

La revisite du Saint Honoré en tarte par le Chef Philippe Conticini ! Un crème pâtissière légère et onctueuse, un caramel à la fleur de sel et un choux caramélisé gourmand.
Composition:
Caramel fleur de sel de Camargue, crème pâtissière, chantilly, mascarpone, choux caramélisé

Mon avis: La première bouchée, ce petit choux qui trône au dessus de la tarte, est exquise. Le craquement du caramel, le moelleux du choux, la douceur de la crème ...

Ensuite, la crème très légère a une texture très agréable, tout en douceur. 

Elle est cependant un peu plombée par une épaisse couche de caramel au fond de la tarte qui, même si il est excellent, emporte tout le goût du gâteau, tant le goût de la crème est subtil.

On a surtout le goût du caramel en bouche, j'ai plutôt eu l'impression de manger une tarte au caramel qu'un Saint Honoré, qui manquait cruellement de pâte à choux.

L'ensemble un peu trop sucré à mon goût, même si dans l'ensemble cela reste un bon gâteau. Mais pour 7.20€ l'unité (!) on peut un peu pinailler ;)

                                      

https://philippeconticini.fr/products/tarte-saint-honore

Photographie appartenant à Philippe Conticini. 

 

Tarte Saint-HonoréTarte Saint-Honoré

20/02/2021

De la misogynie intériorisée : lire de la romance et écouter Taylor Swift.

J’écoute Taylor Swift,  et j’aime Twilight.

Cette phrase anodine, vous n’imaginez pas combien d’années il m’aura fallu pour l’assumer.

Quand j’étais plus jeune, si on me prenait à écouter les Taylor Swift ou Demi Lovato, c’était toujours suivi d’un « je sais que c’est nul mais … ». Et puis un jour, je me suis posée une question : pourquoi ce serait nul ?

Pourquoi lire Twilight serait moins bien que de lire Maigret et écouter Obispo mieux Taylor Swift ? ?

 

A l’heure de Metoo et de la prise de conscience collective  (j’espère) de la façon dont les femmes sont traitées dans notre société, j’ai regardé la définition de la misogynie.

Misogyne : «  Qui hait ou méprise les femmes ».

 La haine, c’est facile à visualiser. Vous les voyez les hommes qui haïssent les femmes. Vous les reconnaissez. Vous savez vous y opposer.

Mais le mépris, le mépris insidieux qui commence  tout doucement, dès le plus jeune âge, celui auquel vous êtes une princesse pendant que votre frère est un pirate ou un aventurier, où on commence petit à petit à vous apprendre que vos goûts, vos loisirs sont juste un peu moins bien que ceux des garçons, jusqu’au jour fatidique de l’adolescence, où vous devenez alors une furie bourrée d’hormones qui ne peux rien aimer qui soit digne d’intérêt.

Le mépris « Fait de considérer comme indigne d'attention ».

Il était drôle de se moquer des jeunes filles de ma génération d’aimer Tokyo Hotel, ou encore One Direction ou la K-POP aujourd’hui. 

Il fut un sport sur les réseaux ces dernières années de faire parti du clan Twilight c’est de la merde.

Et il est toujours aussi mal vu de dire en France qu’on lit de la romance. On est nécessairement une midinette, et ce n’est pas de la vraie lecture de toute façon. 

Quand au maquillage, n'en parlons même pas. Cette activité ne peut être que futile, peu importe  qu'il faille des années pour en maitriser les subtilités.

Outre le fait qu’à mon sens la « vrai lecture » n’existe pas, cela dénote je crois une tendance assez profonde dans notre société de dire : tout ce qu’aime une femme, et plus particulièrement une adolescente, c’est de la merde.

Peu importe que certaines aient appris l’allemand, l’anglais ou encore le coréen grâce aux chansons écoutées, les adolescentes aiment, donc c’est forcément de la merde.

Peu importe que certaines aient pris goût à la lecture grâce à Twilight, les adolescentes aiment, donc c’est forcément de la merde.

Peu importe que certaines romances traitent de sujets difficiles,ou soient tout simplement une façon pour une femme qui travaille et élève ses enfants de s’évader,  les femmes aiment, donc c’est forcément de la merde.

Et si on est un garçon olalaaa il ne faut surtout pas lire de la romance ou écouter Taylor Swift, sinon c’est que vous aimez les trucs de fille, et dans notre société apparemment, le pire truc qui puisse vous arriver, c’est d’être une fille.  

C’est dure de déconstruire tout cela, c’est un travail de plusieurs décennies, de se demander : pourquoi je n’ose pas dire que « Shake it Off » tourne en boucle sur mon Apple Music ? Pourquoi c’est dur de dire à votre entourage, en ce moment je lis le nouveau Lisa Kleypas ? De se rendre compte que ce mépris, vous l’avez intériorisé, et tourné contre vous-même et vos propre goûts.

Alors voilà, je le dis maintenant, j’écoute Taylor Swift et j’aime Twilight. 

Je lis de la romance avec autant de plaisir que j’ai à lire Zweig ou Camus. 

Je crois que l’art, sous toutes ses formes, lorsqu’il procure de la joie, de l’évasion, à un individu, ne peut être source de mépris. Je crois que chacun a le droit d’aimer ce qu’il veut, et qu’être une adolescente n’est pas une excuse pour qu’un adulte déverse sa misogynie.

Parce que quoi de plus facile au monde que de s’en prendre à une adolescente qui doit jongler entre un corps de femme qu’elle n’est pas encore prête à assumer, le regard des hommes qui s’en moque bien,  les injonctions de la sociétés qui t’explique qu’il faut être plus maigre, plus grosse, plus blonde, moins poilue, plus douce, moins boutonneuse, plus maquillée, mais moins maquillée le pot de peinture, plus souriante, moins renfermée, plus exubérante, plus féminine mais moins sexy … 

Alors si lire Twilight et aimer écouter Taylor Swift vous aide à passer de meilleurs journées, pourquoi s'en priver ;) 

 Et vous, un truc que vous aimiez ado que vous ne parveniez pas à assumer ?

 

17/02/2021

READING CLASSICS


Reading Classics ? Depuis le début de l’année, en l’absence de cinéma, de théâtre, d’exposition, de vie culturelle, en dehors des séries Netflix, j’ai eu l’envie (le besoin ?) de me plonger dans des œuvres classiques.

À vrai dire, je n’ai jamais été une grande fan de classique. J’ai toujours cependant fait attention à en ajouter 3/4 à mes lectures annuelles, aimant revenir aux sources de certaines histoires ou mythes.

Alors que « normalement » les mois d’hiver sont plutôt consacrés à la fantasy ou la romance, le côté doudou ou aventure permettant de m’échapper de la grisaille, cette année 2021  a commencé par la redécouverte des passions de Zweig, du théâtre de Shakespeare et de la folie de Maupassant.

Et l’envie pour le moment ne se tarie pas.

Hugo, Flaubert et Zola que j’ai délaissé depuis les bancs de l’école. Dickens, Brontë et Austen dont je n’ai jamais terminé la bibliographie, happée par d’autres époques, me font plus que jamais de l'oeil. 


Mais avec cette redécouverte, me vient cependant une interrogation. 

Qu’est-ce qu’un classique ? À partir de quand une œuvre acquière t’elle ce statut ? Doit-elle obligatoirement être vieille ? Si oui à partir de combien d’années considère-t-on une œuvre comme étant vieille ? Les versets Sataniques, sortis en 1988 est-elle une œuvre classique ? 3 décennies se sont écoulées. Mais que sont trois décennies à côté des 429 ans d'Hamlet ? Ou est-ce alors un « Modern Classic », pour reprendre le nom d’une célèbre collection de Penguin. 


Et qui décide qu’une œuvre est un « classique » ? Pas les meilleurs ventes, sinon Grisham, Levy, et Rowling seraient des classiques. Serait-ce le lecteur ? Le classique est l’une de ses œuvres qui malgré le temps qui passe continue encore et encore de se vendre, même si il n’a jamais atteint le top des listes lors de sa sortie ? Arsène Lupin ou encore Harry Potter sont ils des classiques ? Les spécialistes ? Le classique serait alors uniquement une œuvre qui a changé la face de la littérature, apportée une pierre à l’édifice de cet art mondial, provoqué une rupture et parfois même un scandale.  Lolita est-il un classique ?

Et devons-nous uniquement alors lire des classiques ? Ne serait ce pas nous couper de pans entiers de la littérature ? Le classique en Europe étant bien trop souvent masculin, blanc, occidental et « réalistes ». 

En France, pour encore beaucoup, la romance, la fantasy,  le fantastique, la science-fiction ne sont pas des genres qui valent qu’on y prête attention. Et si 1984, le Meilleur des Mondes, le Seigneur des Anneaux ou encore la Guerre des Mondes peuvent être aujourd'hui considérés comme des classiques (et encore en France, cela ne me semble toujours pas le cas pour le SDA), ce n’est il pas parce que leurs auteurs, masculins et blancs, tient, ont le statut de « sérieux » ? 

Finalement, un classique c’est peut-être un peu de tout ça, une œuvre qui a réussi dans l’océan de livres publiés depuis des siècles à devenir une petite île, par la force de son thème, de son auteur, de sa prose, ou de son époque.

Quant à la question, que faut-il lire ? La réponse me parait soudain évidente : ce dont on a envie.  Toujours.